“American Epic” est un documentaire produit par Jack White (The White Stripes) et Robert Redford et diffusé, il y a quelques années en plusieurs épisodes sur Arte et que l'on peut aussi trouver via YouTube sur le net. Ce film est consacré à l’histoire de la musique moderne américaine depuis ses origines, et comprend quatre parties allant de 1920 et s’achevant de nos jours.
Ces témoignages musicaux, archives et véritables trésors de l’histoire musicale mondiale ont été scrupuleusement restaurés à l’aide des technologies aujourd’hui disponibles, couplées à des équipements vintage. Le résultat est assez bluffant et dépasse de loin l’idée d’une simple remasterisation, offrant à l’auditeur une écoute quasi similaire à ce qu’on pouvait entendre lors des enregistrements d’origines... presque 100 ans en arrière. Des classiques et beaucoup inédits de blues, de country, de folk, de gospel, de musique amérindienne, de bluegrass, de cajun, de jazz, de tex-mex ou même d'Hawai et autres... qui font l’histoire de la musique américaine et sa formidable diversité.
C’est à l’initiative de plusieurs acteurs et institutions telles que la fondation Alan Lomax, l’incomparable Jack White (du duo devenu légendaire The White Stripes), les producteurs T. Bone Burnett (à qui l'on doit de très nombreuse bandes sons prodigieuses de films O' Brother, Retour à Cold Mountain, Walk The Line, Inside Llewyn Davis, True Detective... Robert Redford (L'une des dernières grandes légendes du blues toujours vivantes) et le réalisateur Bernard Mac Mahon que l’aventure American Epic est aussi aujourd’hui disponible au public depuis l'automne 2018 sous forme de disques. Un projet musical ambitieux qui a nécessité 10 ans de travail, des prouesses technologiques inégalables et une démarche qui n’est pas sans rappeler la série de 7 films consacrée au blues dirigée par Martin Scorsese.
Delta Blues à New York et violons cajuns à Los Angeles
Mais le truc en plus, c’est qu’en couplant technologie actuelle et matériel ancien (micros, amplis, machine à gravure directe et autres outils et équipements pionniers dont on sait Jack White féru), des sessions d’enregistrements ont aussi eu lieu avec des groupes et artistes bien vivants cette fois. Une véritable réflexion sur la manière de concevoir et de faire de la musique aujourd’hui. Ainsi vous retrouverez Alabama Shake, Elton John, Taj Mahal, Willie Nelson, Betty Lavette, Beck, Nas, Rhiannon Giddens, et encore beaucoup d'autres dans une configuration de studio typique des années 20/30. Un micro central, des prises live sans aucuns montages et trois minutes maximum par titre afin que chaque groupe ou artiste, à sa manière, revive l’expérience de la spontanéité. Une façon de faire de la musique sans filets ni artifices qui tranche radicalement avec l’ère du temps. Soit un véritable antidote à la démarche des "usines à tubes" qui savamment calibrent leurs titres pour le jackpot ; néanmoins le double cd qui en résulte, est au final anecdotique et les studieux et respectueux élèves n'arrivant jamais à égaler les maitres et ce qui frappe inévitablement après l'écoute du coffret (5 cd de 100 titres + "livret" de 100 pages) constitué exclusivement lui d'originaux d'époque.
Le livre-disque consacré aux enregistrements initiaux lui propose un véritable voyage aux sources avec de très nombreux inédits ou rares documents qui font de cette somme une pure merveille et à ranger, précieusement pour tous les collectionneurs, amateurs, musicologues de ce genre de trésors, aux côtés du THE BLUES, A Musical Journey de Martin Scorsese et de surtout de la légendaire série 3 coffrets (parus en 1952) de deux 33tours + livrets à chaque fois : Harry Smith Anthology of American Folk Music (rééditée en magnifique coffret 6 cd, il n'y a qu'une dizaine d'année et quelques temps après première parution d'un volume 4 tout a fait aussi passionnant) ; citons aussi la moins connue, dans son superbe et sobre coffret en bois, anthologie Goodbye Babylon (plus centrée sur le gospel et la chanson a caractère liturgique) qui dans la même catégorie prodigieux objets sonores permettent de mesurer l'incroyable richesse musicales et poétiques de fonds d'archives, inépuisables semblent-ils !? du folk blues de l'Amérique du Nord .
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