dimanche 24 février 2019

CEDRIC BURNSIDE - NOUS sommes arrivés


Agé de 39 ans, Cedric Burnside vit toujours sur les terres acres prés de Holly Spring dans l'état du Mississippi, c'est là qu'il a grandi et été élevé par son sacré grand-père, le regretté bluesman, chanteur, auteur-compositeur et guitariste R.L. Burnside (voir l'article du Dix Vins Orchestrophone qui a été consacré à ce dernier*) ; avec un tel aïeul, guère étonnant que Cedric Burnside soit lui-même un bluesman qui a les même caractéristiques que son grand-père mais avec une corde en plus à son arc car il est aussi batteur à l'image de son père Calvin Jackson. Né dans la marmite du blues ou plus précisément du style 'hill country', variante hypnotique aux rythmes peu orthodoxe du Mississippi blues, Cedric a joué et tourné avec son fabuleux grand-père dés l'âge de 13 ans alors que sont père part aux Pays-Bas poursuivre sa carrière.

Avant le concert que Cedric Burnside a donné le 20 février dernier au 106 de Rouen, il confie 'Je joue le blues comme je le souhaite, comme un passeur, aussi parce que NOUS sommes arrivés et sans aucun artifice, sans me préoccuper de l'avis des autres sur la question ; cela fait bientôt 30 ans que je fais de la musique maintenant et ce que je suis c'est 'hill country blues', c'est toute ma vie et celle de mes pères qui travaillaient durs et m'ont tout appris alors je ne vais pas écouter quelqu'un me dicter ce que je dois ou non jouer. Je suis un passeur qui maintient le blues vivant pour les nouvelles générations'. Lorsque l'on demande a Cedric Burnside d'évoquer la grandre pauvreté de la région du Mississippi d'où il est natif et à laquelle il est resté fidèle, il cite ce qu'il entendaient dans son enfance quand on demandait à ses parents 'ils sont à vous ces gosses ?' la réponse était alors 'Non, on est trop pauvre pour faire des enfants, ce sont ceux des voisins qui sont tellement plus pauvres que nous que nous avons fini par adopter leurs gamins, nous n'allions pas les laissé crever de faim' et voilà donc qui nous donne une illustration parfaite du contenu de l'authenticité de la force et de la poésie du blues de Cedric Burnside et ses paires/pères.

Cedric Burnside a grandi entouré et donc était influencé par R.L. Burnside, mais l'autre géant du coin Junior Kimbrough dont il reprend en concert 'All Nigth Along', mais aussi les légendes moins connues du hill country' que son Jessie May Hemphill et Otha Turner, aussi il a beaucoup écouté des musiciens du Delta comme T-Model Ford et Paul 'Wine' Jones. Il a également joué avec le North Mississippi Allstars (Luther Dickinson lui a offert sa première guitare électrique), Hubert Sumlin (le guitariste d'Howlin' Wolf) et le Jon Spencer Blues Explosion (adolescent il est le batteur de R.L. Burnside que le Jon Spencer Blues Explosion emporte au milieu des années 90's dans ses bagages pour assurer leurs premières parties et rappels lors d'une importante tournée mondiale qui va permettre de faire (re)découvrir à un large public jeune l'une des dernières grandes figures alors encore vivantes du blues). On peut voir aussi Cedric Burnside jouer de la batterie aux côtés Samuel L. Jackson dans Black Snake Moan de Craig Brewer, film qui rend hommage à R.L. Burnside et d'autres bluesmen oubliés. Cedric Burnside a été nommé aux Grammy pour son albums 'Descendants of Hill Country' en 2015 et il a reçu quatre fois de suite la récompense du meilleur batteur de l'année au Blues Music Awards.


Son dernier album qui date de septembre 2018 'Benton County Relic'  enregistré juste sobrement et avec la complicité rugueuse de William Z. Villains (guitares, batterie, chant) qui l'accompagne en un duo infernal lors des concerts qui sonnent comme ceux d'un trio sans bassiste ! Les 12 titres de 'Benton County Relic' sont là pour dire Nous sommes arrivé à surmonter les temps difficiles, cette Musique a pour objectif de surmonter l'oppression moderne et les difficultés de notre rude époque. 12 compositions écrites dans la douleur d'une enfance dans la pauvreté privée d'eau courante, de radio de télévision comme il est raconté dans 'We Made It', d'une passion amoureuse non partagée dans 'There is so Much', en passant par la perte d'un proche 'Hard to Stay Cool' ou la description du quotidien de son auteur 'Typical Day'. 'j'écris ma Musique selon ma façon de vivre, avec les choses que je traverse sur le moment' confie Cédric Burnside qui a perdu ces dernières années ses deux parents, un oncle et son frère cadet avec lequel il a enregistré en 2005 'The Records - Dedicated to 'Big Daddy' R.L Burnside & JR. Kimbrough' et sur lequel ils reprenaient 'Knockin' on Heaven's Door'  de Bob Dylan. J'aime tellement la Musique ! C'est vraiment quelque chose vers lequel je me tourne quand je me sens déprimé ou en souffrance'. Mais le Blues de Cédric Burnside couvre un spectre plus large d'émotions ; on y trouve ainsi 'Call on Me', destiné à ses 3 filles pour lesquelles il désire être là émotionnellement à défaut de pouvoir toujours être là physiquement. Enfin 'Death Bell Blues' est un hommage à son grand-père qui jouait déjà ce morceau comme Muddy Waters et tant d'autres puis 'Give it to You' qui est l'expression d'un pur désir sexuel mais le titre de la fin, la faim, demeure 'Ain't Gonna Take No Mess' pour dire NOUS sommes arrivés alors NOUS n'allons pas écouter quelqu'un NOUS dire ce que l'on peut et doit faire !

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21./ J.J CALE : "Magnolia" (1970).