lundi 3 juin 2019

L'AFFAIRE STAGGER LEE - 1. Introduction...

Au Dr JOHN, 21.11.1949 - 06.06.2019




Jimi Hendrix a déclaré que la composition de The Troggs 'Wild Thing' devrait être l'hymne national des Etats Unis, je le comprend, je trouve que c'est une proposition pertinente surtout en pleine guerre du Vietnam...


...cependant pour moi si une chanson populaire fait encore plus sens à être d'une manière souterraine celle qui représente le mieux symboliquement l'Amérique, les Amériques et surtout la rebelle dignité populaire face à l'entropie du capitalisme libéral des Etats Unis, c'est 'Stagger Lee' ! une chanson qui a fini par avoir une résonnance internationale malgré le thème tout à fait subversif de cette histoire qui parait immorale pourtant !?  D'ailleurs l'écrivain Greil Marcus* lui a consacré tout un chapitre au début de son livre Lipstick Traces, une histoire souterraine du vingtième siècle**, sous le titre du chapitre 'Le mythe de Stagger Lee' qui d'ailleurs est devenu par plus tard un petit recueil indépendant d'une bonne centaine de pages "Sly Tone : Le mythe de Staggerlee...***" dont les 15 premières pages posent presque tous les éléments à savoir pour appréhender toute l'importance de cette chanson, un folk-blues au départ, dont on n'arrive plus à comptabiliser les plusieurs centaines de versions (blues, folk, rock, rythm'n blues, soul, punk, ska...) de par tous les états des USA mais aussi à travers le monde ; pour ma part j'ai déjà réussi en collectionner plus de 120 déclinaisons différentes, des variantes musicales mais aussi surtout au niveau des lyrics, des conclusions ! Mais que quoi parle cette chanson qui a été inspirée par un fait divers réel ? "Un jour, quelque part, il y eut un meurtre : un certain Stack-a-Lee - ou Stacker Lee, Stagolee, ou Staggerlee - flingue un certain Billy Lyons - ou Billy le Lion, ou Billy the Liar (le Menteur). Cette histoire, l'Amérique noire ne s'est jamais lassée de l'entendre et n'a jamais cessé de la revivre [...]Les images d'un million de versions de l'histoire ont fixé pour toujours un archétype qui joue sur des fantasmes de violence gratuite et de débauche sexuelle, de luxure et de haine, d'oisiveté et de roublardise, le rêve d'un style et d''un certain type d'ascension sociale. Pour des gens qui vivent au quotidien dans un labyrinthe de limites, et qui ne peuvent les transgresser qu'entre eux, il s'agit, plus profondément d'un fantasme de liberté totale. C'est à la fois le portrait du personnage fort et plein d'énergie que chacun aimerait être, et aussi une danse macabre dérisoire et tapageuse.      Billy est mort pour un chapeau à 5 dollars ; parce qu'il a battu Stagger Lee aux cartes, ou aux dés ; parce que Stagger Lee trichait et que Billy a été assez bête pour lui faire remarquer. Cela s'est passé à Memphis au tournant des siècles 19 et 20, à la Nouvelle-Orléans dans les années vingt, à Saint-Louis vers 1880...selon les versions ? Pourtant, la façon dont fut commis le meurtre a son importance : Staggerlee a tué Billy, pour reprendre les mots d'une chanson de Johnny Cash, juste pour le voir mourir." - Greg Marcus*.

C'est une histoire terrifiante et édifiante, "...Billy the Lion a dit à Staggerlee/S'il te plait laisse moi la vie sauve/J'ai deux gosses et une gentille femme qui m'aime [...] Que m'importe tes gosses... Tu as volé mon chapeau/Il faut que je te flingue [...] bang-bang, bang-bang a fait le flingue... " ; pourtant à y regarder de prés en décortiquant les symboles de cette chanson, aussi en étudiant dans l'historicité de leur apparitions les versions, j'en arrive à conclure que Staggerlee ne veut fondamentalement que l'amour, la liberté et la justice pour tous et qu'il appuie sur la détente pour transformer l'amour en mort... mais aussi surtout le mal en amour... Mais je vais y revenir une fois prochaine, dans un second épisode... à suivre...

*Greil Marcus est un essayiste, critique rock américain, né en 1945. Spécialiste de la pop culture américaine, il s'est intéressé dans ses ouvrages à, entre autres, Bob Dylan, Elvis Presley, les Sex Pistols, ou Sly Stone.
**Lipstick Traces, une histoire souterraine du vingtième siècle Ouvrage indispensable pour appréhender au mieux l'importance, entre autre, du phénomène punk et excellente introduction au situationnisme. Paru en 1988 aux Editions Allia. Disponible aussi en version livre de poche, collection - Folio 19/18.
***Sly Tone : Le mythe de Staggerlee... Paru en 2000, aux Editions Allia.
Texte de la version de Bob Dylan.


BONUS
Dr JOHN, 21.11.1940 - 06.06.2019

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21./ J.J CALE : "Magnolia" (1970).