jeudi 20 juin 2019

L'AFFAIRE STAGGER LEE - second épisode. QUI PORTE LE CHAPEAU ? ...LES DEUX CHAPEAUX ?


Je désire à vous parler encore de cette foutue chanson Stagger Lee mais surtout pas de manière convenue car pour CELA il existe 'Sly Stone : Le Mythe de StaggerLee de Greil Marcus (Editions Allia - 2000) ou presque tout de convenu, justement, a été écrit. 


Non, aujourd'hui, je (ré)écoute encore Bob Dylan alors je ressors la magnifique pochette électrique de son album acoustique de 1993 'Gone Wrong' où sur les photos recto et verso de la pochette,  il porte 2 chapeaux différents ! Recto, un haut de forme noir ; verso, un Stetson blanc.
  

Sur cet album produit par Bob Dylan lui même, il l'aurait enregistré seul dans son garage avec simplement une guitare acoustique, un harmonica et sa voix, il reprend que des chansons traditionnelles du folk blues d'Amérique du Nord donc Stagger Lee qui pour l'occasion, il adapte en Stack A Lee ; j'ai cherché longuement mais je n'ai pas trouvé sur internet d'enregistrement de cette adaptation par Bob Dylan en personne mais juste une reprise de cette version par un illustre inconnu, au final je trouve que ce n'est pas plus mal  car CELA m'a permis de me focaliser sur l'histoire des deux chapeaux et de leurs symboliques.

Stack A Lee selon Bob Dylan
reprise par un anonyme.

À mon sens le chapeau haut de forme noir, de la photo recto, c'est la face sombre qu' "ils" diront mauvaise, maléfique, diabolique de Stagger Lee (le roublard, l'incontrôlable, le tueur...) qui s'affirme en portant le couvre chef distinctif des nantis dont il n'a que faire mais dont il utilise le haut chapeau noir pour signifier son indépendance rebelle, ultime, voir sublime, puisqu'il estime qu'il a le droit de revendiquer que tout ce qui appartient aux nantis, oui ! lui appartient à lui aussi ! Même si il est quitte à le faire de manière illégale. La sédition totale en forme ! Tout en s'accordant le droit de développer  une classe certaine, prestance élégante qui pourquoi ne serait que l'affaire des nantis !? Et puis quoi encore ?

Le Stetson blanc du verso de la pochette est celui des cow boys, des vieux ploucs... de ceux qui ont bien bourlinguer et fini par acquérir une véritable sagesse de par leurs bonnes expériences alliées à des souvenirs dont tous Stagger Lee savent qu'elle n'a de sens que si ils parviennent à prendre le temps afin de transmettre cette 'sagesse'... ou plutôt savoir.

Enfin, je vois les 'choses' de la sorte. Bob Dylan, dont un 'ami' me disait récemment qu'il ne prenait plus de risques (ce qui ne signifie strictement rien dans le cas de Bob Dylan !), il a été Stagger Lee au haut de forme noir de 1965  à 1966 quand il passe de l'acoustique à l'électrique, du 'folk' au 'rock', qu'il casse son image poussiéreuse de hobo pour ré-apparaitre dandy aux lunettes noires en précieux en blouson de cuir, puis surtout en enregistrant sa trilogie inégalable 'Bringing It All Back Home (1965), Highway 61 Revisited (1965), Blonde On Blonde (1966)  pour s'entendre être traiter de Juda lors d'un concert à Edinbourg. Bref ! Par la suite très vite et jusqu'à aujourd'hui Bob Dylan n'a plus, dans le fond, cherché à innover tant au niveau de ses écritures musicales que de la poésie de ses mots, de ses formules,  il a travaillé, le fait toujours aussi avec brio d'ailleurs, sur la forme afin de transmettre tout à la fois son œuvre, son âme personnelle et celle d'une Amérique que Greil Marcus nomme interdite... Bob Dylan est un extraordinaire transmetteur, toutes ses dernières productions en attestent encore, il y chante comme un crooner improbable, un Sinatra passé à la lessiveuse de la Beat Generation.  Alors Bob Dylan ne prendrait plus de risque ? Qui sont ceux qui affirment ça ? Comment vivent-ils finalement ? Juste dans le confort de l'argent des portefeuilles qu'ils dénoncent ! Bob Dylan est aussi donc Stagger Lee au Stetson blanc tel un bienveillant ange Gabriel au flingue rutilant et munitions précieuses. 

Bob Dylan est l'une des facettes toujours bien vivante de Stagger Lee et des revanches de ce dernier. Bob Dylan porte simultanément à merveille les deux chapeaux de Stagger Lee ! Et pourquoi pas, si vous vous payez un Stetson ?


Staggerlee, Stack O' Lee 
par Dave Van Ronk.


BLOOD IN MY EYES,
la seule chanson extraite de l'album
World Gone Wrong de Bob Dylan
que j'ai trouvé sur internet

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21./ J.J CALE : "Magnolia" (1970).