samedi 3 octobre 2020

BELGIUM ROCK CONNECTION - Part 2/2.

PJDS 
- Pieter-Jan De Smet -
ou l'affaire beuzak !

Si vous avez la chance de posséder l'extraordinaire album Last Letter Home de Roland Van Campenhout, paru en 1992 sur le label ! PLAY THAT BEAT , si vous cherchez bien dans les notes de la pochette, vous découvrirez qu'un certain Pieter-Jan De Smet est crédité pour les chœurs. Si Pieter-Jan De Smet apparaît là ce n'est pas par hasard ; en effet Roland depuis de nombreuse années déjà la passion de la Musique à rapprocher les deux hommes depuis que Roland découvre au milieu des années 80's un groupe punk qui répond du nom de Route 66 constitué de gamins d'un bonne dizaine d'années dont Jeroen Van Herzeele à la guitare devenu depuis un saxophoniste de jazz de renom, qui reprennent sur scène d'une manière BEUZAK !... [mot flamand pour désigner une espèce de gamin teigneux et que le père de Pieter-Jan De Smet , le chanteur, utilisait comme surnom pour son fiston.] ...aussi bien les Sex Pistols, The Clash que The Rolling Stones ou Chuck Berry et surtout Chuck Berry !... Alors quelques années plus tard Roland produira le premier album du chanteur le plus BEUZAK ! de La Belgique, Pieter-Jan De Smet.


Au 't Leetvermaak*[Theater- & Eetkaffee] de Ypres, alors que c'était notre tout premier rendez-vous, ma rencontre avec Pieter-Jan De Smet a été comme j'avais retrouvé un grand Camarade de toujours... et tout simplement nous avons avant le concert de PJDS, pris le temps, non pas de faire une interview mais d'échanger tranquillement au sujet de son parcours musical, de ses différents projets et des Musiques que lui comme moi nous aimons et de ce qui le motive...

PJDS vient de sortir récemment un nouvel album Siren qui a été enregistré à Gand en 2017, durant la même époque où Roland enregistrait son dernier opus Folksongs fron A non-existing land. En fait, quand PJDS a déjà commencé à travailler sur Siren, Roland n'est pas encore à la tâche pour son futur disque mais un jour il se rend au studio juste pour saluer son jeune ami Pieter-Jan qui me dira "...Roland, pour moi, il est tout prêt de mon cœur." ...Roland qui passe et écoute puis bientôt il a une idée pour un morceau en chantier qu'il vient d'entendre... Roland prend sa guitare, apporte donc son renfort pour sur un titre... puis un autre... la suite, sans peine vous pouvez l'imaginer ; Roland collabore aux guitares sur toute l'aventure de la création de Siren, puis intégrer PJDS à temps complet pour les concerts à venir avec un groupe qui se compose de Pieter-Jan De Smet [chant & guitares], Frédéric Segers [guitares, claviers, programmations], Roland Van Campenhout [guitares], Teun Verbruggen** [batterie & percussions] et Mirko Banovic [basse & chœurs], Mirko, est-il nécessaire de le rappeler ? est le bassiste depuis plus de 20 ans aux côtés d'Arno et bien-sûr aussi de Tjens Matic. Siren est tout simplement un sacré grand album aux influences multiples et qui surgit après plus de dix années de silence et aprés 3 albums précédents de PJDS : Light Sleeper [2002], Suits You [2003] et  Away from God & Far from the Action [2005] qui est une compilation qui a l'avantage pour 6 titres sur 12 de proposer 2 inédits & 4 chansons des deux disques parus avant l'époque PJDS quand Pieter-Jan De Smet sous son propre nom a sorti, sur le label ! PLAY THAT BEAT,  les albums Antitode [1993] et August [1996 et produit par Mike Butcher] qui correspondent à une époque et jusqu'en 2003 où Geoffrey Burton [qui fut longtemps le guitariste d'Arno] officiait aux guitares auprès de Pieter-Jan.

La musique de PJDS que je n'ai découvert que tout récemment, a pour moi la particularité de résumer en quelque sorte à elle seule ce qui fait le charme des richesses et la force spécifique du "rock" made in Belgium, une scène depuis les 60's nourrie des meilleures influences de ce qui se fait de plus innovant chez les britanniques & les américains puis digérant tout au mieux des mieux avec des ingrédients propres de l'extravagant univers de la culture très spécifique de ce petit pays, cela allant des peintres flamands (citons Brueghel, Van Eyck, Bosh, Rubens... et aussi Ensor) au surréalistes belges (Louis Scutenaire, Fernand Dumont, Paul Nougé, Constant Malva pour les écrivains et Roger Magritte pour la peinture) moins académiques et bien plus iconoclastes, chahuteurs que leurs équivalents français, l'on retrouve d'ailleurs ce même fossé entre les scènes "rock" belges et françaises, la caractéristique la plus prononcée étant certainement le manque d'autodérision de celle de l'Hexagone. D'ailleurs cela Pieter-Jan de Smet l'exprime quand il me confie "Il est très important de s'ouvrir l'esprit et j'aime avoir mon esprit ouvert... chez des artistes que j'adore comme Joni Mitchell, Charles Mingus, Captain Beefheart... j'aime leurs albums car l'on peut s'égarer dans là dedans qu'il propose... se perdre dans la Musique comme avec Memphis Tennessee de Chuck Berry ou tout le temps de la chanson tu crois qu'il parle de sa femme, Marie, qu'il désire entendre au téléphone et qu'à la fin tu découvres que Marie c'est sa fille de 6 ans... Il faut que le danger soit là comme avec le blues d'Howlin' Wolf, d'ailleurs sans lui pas de Captain Beefheart, de Tom Waits, ni d'Arno...". Il y a vraiment de tout cela dans les disques de PJDS et comme en concert Pieter-Jan est un chanteur habité, possédé par ses chansons, c'est de l'émotion pure et extrêmement émouvant...
Lil'Queenies

...Alors quand on est ouvert comme Pieter-Jan a toutes les Musiques du monde tout en demeurant fidèle a ses premières idoles et que l'une d'entre elles, Chuck Berry, est un compositeur hors-pair d'un grand nombre de classique du rock 'n' roll, on forme un Tribute Band  Lil'Quennies afin de jouer pour le fun et de faire revivre les jeunesses éternellement indémodables de Johnny B. Good, Nadine, Carol... Que des rock 'n' roll signés Chuck Berry et avec un saxophone pour remplacer la basse et pour la guitare l'éminence chamanique du blues & du rock belge, Roland Van Campenhout...

...Alors quand on est rester un beuzak et que Roland Van Campenhout est toujours partant pour des nouveaux projets, on forme un trio improbable de rock pour les enfants... mais aussi les grands aussi sans pour autant faire dans la niaiserie et prendre les gosses pour des benêts et on prend pour nom De Piepkes. Un premier disque en 2013, le second Betogen en 2015, un troisième Côté Koer #1  avec une foule d'invités pour un De Piepkes Deluxe  en 2016 et le projet en 2018 de finir de composer un opéra De Piepkes pour enfants...


...On pourrait en rester là  mais Pieter-Jan De Smet est tellement BEUZAK... [d'ailleurs afin de pouvoir à continuer à sortir ses disques... - Pour des raisons de politique de commercialement correct, il s'est embrouillé avec le label qui a produit ses deux premiers disques -  ...et demeurer indépendant, il a créé son propre label et c'est BEUZAK justement ! J'apprendrais aussi au cours de notre conversation qu'à l'occasion Pieter-Jan De Smet se produit en duo avec Ad Comminoto... [le claviériste et accordéoniste de Charles & les Lulus le groupe & album du même nom qui réunissait Arno & Roland.] à L'accordéon pour reprendre dans les bars des chansons de Franz Schubert.


En conclusion, il va s'en dire qu'à cinquante ans Pieter-Jan De Smet (né le 16 février 1968), nous offre à voir que le "rock" made in Belgium nous réserve encore bien d'heureuses surprises et qu'avec lui nous sommes bien présence de l'un des artiste les plus singuliers de la scène "rock" belge qui est tout autant captivant de découvrir de par ses disques qu'en concert et les japonais le savent puisqu'ils ont déjà invité PJDS à se produire au pays du soleil levant.
Christian-Edziré Déquesnes.

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21./ J.J CALE : "Magnolia" (1970).